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Textes Blog & Rock and Roll
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3 août 2010

Songe d'une nuit d'été

Dans le noir absolu.

Lui : Ou suis-je ? Il y a quelqu’un ? Chérie… tu es là ?

La Voix : Je ne suis pas a priori pas Chérie, mais bon si vous le souhaitez…

Lui : Mais qu’est ce que tu racontes, je vois bien que c’est toi Brigitte. Enfin je ne t’avais jamais vu si… lumineuse. Comment tu fais pour irradier comme cela ?

La Voix (prenant l’apparence de Brigitte) : Parce que je ne suis qu’énergie donc lumière.

Lui : Qu’est ce que tu racontes ?! Il faut que tu arrêtes les choux de Bruxelles. Quelle heure est-il ? Arrête tes conneries, éteins moi ça, il faut que je dorme un peu, j’ai une dure journée demain.

La Voix : J’ai bien peur que vos plans soient chamboulés cher ectoplasme.

Lui : Ectoplasme ?

La Voix : Parfaitement. Ectoplasme. Vous n’êtes plus là où vous pensez être.

Lui : Qui êtes vous ? Qu’est ce que vous faîtes chez moi ?

La Voix (à présent sans visage) : Je suis celui ou celle que vous avez décidé. Vous n’êtes plus chez vous, vous en êtes même très loin.

Une multitude de petites lumières prennent place autour d’eux.

Lui : Mais enfin où sommes nous ? Qui êtes-vous ? Monsieur Giraud… ?

La Voix : Qui est Monsieur Giraud ?

Lui : Un prof de maths qui me terrorisait. Qu’est ce que vous faîtes là ?

La Voix (prenant l’apparence et la voix de Monsieur Giraud mais avec un air bienveillant) : Vous avez peur j’imagine. Voilà pourquoi vous voyez en moi Monsieur Giraud. Vous pensiez être avec votre femme, j’étais votre femme. Maintenant vous avez peur et c’est votre prof de math qui cristallise cette peur. Je suis votre prof de maths. Je vous l’ai dit je suis celui que vous voulez. N’ayez plus peur et je ne serai plus Monsieur Giraud.

Lui (regardant tout autour de lui) : Ce sont des lucioles ou des étoiles ?

La Voix : D’après vous ?

Lui : Je n’ai jamais vu d’étoiles sous mes pieds.

La Voix (à nouveau sans visage) : Parce que vous avez déjà vu des lucioles sous vos pieds ?

Lui : Non plus évidement…Et ça n’est pas possible. Donc ce sont des étoiles c’est ca ?

La Voix : J’en ai bien peur.

Lui : Mais si ce sont des étoiles, et que certaines se trouvent sous mes pieds c’est que je suis dans l’Espace !

La Voix : Déduction on en peut plus exacte.

Lui : Les humains ne peuvent pas vivre dans l’Espace. Je ne suis donc pas dans l’Espace.

La Voix : Les humains non je vous l’accorde. Les ectoplasmes, sans aucun problème. Vous en êtes la preuve.

Lui : Mais je ne suis pas un ectoplasme ! J’ai 42 ans, je suis ingénieur en informatique, ma femme s’appelle Brigitte, j’ai deux enfants et demain j’ai une réunion très importante au bureau !

La Voix : Tout ça c’était avant d’arriver ici. Avant que vous ne me posiez la question, non vous ne pouvez pas retourner d’où vous venez.

Lui : Comment ça je ne peux pas retourner d’où je viens ?! Je dois être en train de rêver. J’avais pourtant dit à Brigitte qu’elle arrête de me faire des choux de Bruxelles.

La Voix : Vous ne rêvez pas.

Lui : Bon bon. Admettons. Soyons cartésiens. Je suis dans l’Espace, je ne rêve pas, je suis un ectoplasme. Je suis …mort ?

La Voix (prenant l’apparence d’un vieux barbu) : Mort ? Non sinon nous ne pourrions pas dialoguer.

Lui : Pour être ici devant Dieu c’est que je suis mort. Il n’y pas d’autre explication. Je n’ai pas souffert c’est déjà ça. Je ne savais même pas que j’étais malade.

La Voix : Dieu dîtes vous ? J’ai l’habitude ceci dit. Vous vous considériez comme vivant avant d’arriver ici ?

Lui : Quelle question ? Bien sûr que j’étais vivant. Je courais tous les dimanche matin, je mangeais trois fois par jour, je serrais mes enfants contre moi, je faisais l’amour à ma femme, je respirais l’odeur des fleurs, je buvais du vin, et je vomissais ces foutus choux de Bruxelles. C’est ça vivre non ?

La Voix : Et si tout ceci n’était qu’une illusion ?

Lui : Une illusion ? Impossible, j’ai bien ressenti tout ça, j’ai des souvenirs, des marques sur le corps.

La Voix : Quel corps ? Je ne vois pas ce corps devant moi, juste un ectoplasme.

Lui : Celui qui doit être en train de refroidir à côté de Brigitte. La pauvre, quand elle va se réveiller…

La Voix (prenant l’apparence de Brigitte) : Vous n’avez jamais rêvé ?

Lui : Si bien sûr. Arrêtez de changez de visage c’est agaçant à la fin.

La Voix : Je ne fais rien, c’est vous qui décidez de ce que je suis. Dans vos rêves n’avez-vous jamais eu l’impression que tout ceci était réel. Ne vous êtes vous jamais réveillé en sursaut parce que vous tombiez ou le cœur tout tremblant parce que vous aviez couru ? Et si vos 42 ans, votre femme, vos enfants, votre travail dans l’informatique, toute votre vie comme vous l’appelez n’était qu’une illusion ?

Lui : Un rêve long de 42 ans ? Impossible !

La Voix (à nouveau sans visage) : Il y a quelques minutes il était impossible pour vous de flotter dans l’Espace. A votre place je reconsidérerai très vite les concepts de possible et d’impossible.

Lui : Mais si tout ceci est une illusion, qu’est ce que je suis à présent. Vivant ? Mort ? Un humain ? Un ectoplasme comme vous dîtes? Et où suis-je ? Au Paradis ? En Enfer ?

La Voix : Vous êtes.

Lui : Je suis quoi ?

La Voix : Vous êtes. C’est tout. Il se trouve que vous étiez un humain avant de me croiser. Vous êtes un ectoplasme maintenant. Vous serez peut être autre chose  ensuite.

Lui : Ah oui et quoi donc ? Je vais me réincarner en chèvre, en rosier ?

La Voix : Peut être. Peut être en un autre humain ou une autre créature de l’Espace ?

Lui : Vous voulez dire qu’il y a d’autres planètes habitées ?

La Voix : Prétentieux. Bien sûr qu’il y a d’autres créatures que les humains. Vous croyez aussi qu’il n’y a qu’un Univers je suppose ?

Lui : Il y en a d’autres ?

La Voix : Vous le découvrirez vous-même. Peut être.

Lui : Mais qui êtes vous à la fin ? Vous êtes Saint Pierre et vous gardez la porte du Paradis ?

La Voix : Je pourrais très bien être celui qui vous laissera sortir de l’Enfer.

Lui : La Terre c’est l’Enfer ? Remarquez ça se défend. Vous êtes le fameux Cerbère ?

La Voix (prenant l’apparence d’un chien à trois têtes) : Non je suis comme vous je suis un ectoplasme. De l’énergie pure, qui de temps en temps se retrouve enfermé dans une enveloppe. (La Voix reprend son apparence lumineuse du départ). Je suis. Comme vous êtes. Entraîné dans un grand cycle dont je ne peux sortir.

Lui : Quel cycle ?

La Voix : De temps en temps sans savoir pourquoi ni comment, nous sommes attirés par une force incroyable. Nous ne pouvons lui résister. J’ai bien essayé plusieurs fois mais j’ai très vite compris que c’était impossible. Alors il faut juste se laisser glisser et attendre.

Lui : Attendre quoi ?

La Voix : Que nous devenions inconscients pour devenir autre chose. Un corps, une plante, une roche, un gaz, une planète entière ou une étoile parfois. Il y a quelque chose au dessus de nous qui décide pour nous.

Lui : Une sorte de dieu tout puissant ?

La Voix : Peut être. Peut être pas. Je n’en sais rien. Et ne croyez pas un ectoplasme qui tenterait de vous faire croire qu’il est Dieu. Nous autres les ectoplasmes, nous sommes. C’est tout. Nous n’avons pas d’identité puisque nous en changeons continuellement.

Lui : Je vois. Demain je me réveillerai peut être en tant que rocher sur la Lune ou libellule dans l’Ardèche.

La Voix : Vous ne vous réveillez que lorsque vous redevenez ectoplasme. Quels que soient les états que vous traversez, vous n’êtes vraiment conscients qu’en tant qu’ectoplasme.

Lui : Le souvenir de ma vie sur Terre va s’effacer ?

La Voix : Tout comme  un rêve s’en va. Il vous en restera des bribes au début puis plus rien après un autre rêve. Je crois que je vais devoir vous abandonner.

Lui : Pourquoi ça ? J’ai encore tout à savoir sur les ectoplasmes.

La Voix : Ne vous en faîtes pas, vous apprendrez tout par vous-même. Sinon demandez autour de vous, l’Espace est rempli d’ectoplasmes. Je ne peux plus résister à la force. Je dois me laisser emporter…

Lui (désormais seul) : Je suis…je suis… je pense donc je suis. Première fois que je comprends un cours de philo. Mais à quoi ça me sert d’être si je ne comprends pas ce qui m’entoure?

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