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2 mars 2011

L'Etranger

etranger

 

Meursault vit à Alger, en un temps ou l’Algérie est encore française. Il vient de perdre sa mère et doit se rendre à l’asile de Marengo pour l’enterrement. Là bas, il adopte une attitude complètement neutre, ne ressentant aucun chagrin, pourtant habituel en pareille circonstance. Juste après l’enterrement, il se rend sur une plage et rencontre Marie, une de ses connaissances. Ils finiront la nuit ensemble. Puis de fil en aiguille, en se laissant bercer par le flot des évènements Meursault va tuer un Arabe de cinq coups de revolver. La seconde partie du roman est centrée sur son jugement ainsi que sa détention en prison.

Au cours de ma scolarité j’avais été amené à croiser l’Etranger de Camus, mais comme d’habitude, j’ai fait mon jeune trou du cul, je ne l’avais pas lu. Je savais juste qu’il était question d’un type qui tuait un Arabe un peu par hasard. Aucun préjugé au moment d’ouvrir le bouquin. Bon, bien sûr, je connaissais la réputation de ce roman : un grand classique de la littérature française du XXème siècle. Pourquoi l’avais-je choisi ? Pas vraiment de raison, sans doute inconsciemment à cause de la chanson des Cure que j’avais évoquée dans une play-list précédente. Et voilà donc que je me plongeai dans l’Etranger. La première chose qui m’a frappé c’est le vide abyssal de ce roman. Le personnage est creux, sans aucune initiative, sans personnalité, il ne fait aucun choix, on se charge de les faire à sa place. Et puis le style, digne d’un (bon) élève de CM2, devenait de plus en plus irritant. Mais pourtant aucune envie de lâcher le bouquin, le désir de saisir le pourquoi du comment. L’Etranger serait donc un navet surcoté ? Sur la forme rien de transcendant, même si quelques phrases sont de véritables diamants, et tout à coup la révélation. En une scène, sans qu’on s’y attende, Camus nous livre les clefs. Toute cette vacuité embarrassante vous saute à la tronche et, tel Raymond Souplex, vous vous tapez le front en criant Bon sang mais c’est bien sûr ! Bon, si vous avez malgré tout envie de le lire, ne jetez pas un œil à la fin de ce paragraphe. L’Etranger n’est pas l’Arabe mais Meursault lui-même. Il est l’étranger de sa propre vie et un étranger aux yeux de la société. Etranger de sa propre vie car selon Camus, la vie n’a pas de sens, ce n’est qu’un enchaînement d’évènements n’ayant ni queue ni tête. Etranger aux yeux des autres car Meursault ne joue pas le jeu tel que la société l’exige. Il ne pleure pas la mort de sa mère, il n’éprouve pas de haine ni de vice alors qu’il tue un homme, il ne croit pas en Dieu, il est en dehors des codes.

L’Etranger a été classé plus grand livre du XXème siècle en 1999 dans le cadre d’une opération organisée par la Fnac et le Monde. Très franchement, je n’aurais pas choisi celui là. Loin de là. Pourtant, bien que je me sois souvent emmerdé en le lisant, je n’arrive pas à me dire que c’était une perte de temps. Sans doute parce que le fond sauve la forme, sans doute aussi parce que par certains cotés, je ressemble un peu à ce Meursault.

 

Verdict : People are strange, when you’re a stranger.

 

L’Etranger, d’Albert Camus, éditions Folio, paru en 1942

 

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