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4 mai 2011

Alors on danse

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On en apprend tous les jours, mais parfois on aimerait ne pas savoir. Il faut absolument que je vous raconte un truc. Je ne sais pas si vous savez comment fonctionne les diplômes universitaires. Pour faire simple, il y a deux semestres à valider par année, et dans chaque semestre il faut valider trente « crédits ». Chaque matière d’un cursus, on appelle ça une UE (Unité d’Enseignement), équivaut à un certain nombre de crédits. Le même système que les coefficients au bac en fait.  Jusque là, c’est simple.

Nous sommes en pleine période de candidatures et je reçois donc des dizaines de dossiers d’étudiants souhaitant poursuivre leurs études dans la Licence dont j’ai la charge administrative. N’étant aucunement habilité à prendre une décision concernant leur avenir, je me contente généralement de regarder les renseignements purement administratifs et parfois à parcourir leur CV, juste par curiosité. Mais cette fois ci, je ne sais pas pourquoi, j’ai examiné le relevé de notes d’un candidat pour son premier semestre de L2 (deuxième année après le bac). Pas besoin d’être un expert pour comprendre que ce relevé de notes était mauvais. La moyenne dans aucune matière physique, telles que la thermodynamique, les ondes ou encore l’électromagnétisme. A vrai dire cet étudiant n’avait validé aucun crédit. Enfin… pas tout à fait. En bas de la liste, trois crédits étaient alloués à ce qu’on appelle une UE libre. Trois crédits ça représente tout de même 10% de son semestre. En l’occurrence pour cet étudiant ça ne lui est d’aucune utilité, mais dans le cas d’une personne à laquelle il manquerait trois crédits, c'est-à-dire une matière non maîtrisée, pour valider son semestre c’est très important.

Mais vous allez me demander, quelle était cette fameuse UE libre à laquelle notre sympathique étudiant a eu la note de 20 sur 20 ? Oui parce qu’en plus il a eu 20 sur 20. Un indice s’affiche chez vous : cela n’a rien à voir avec la choucroute. Bon allez, je vais être sport avec vous, et cesser ce suspense insoutenable. La réponse est … la salsa. (A quoi ça sert que je mette un titre hein ?) Oui vous avez bien lu, notre étudiant en physique a validé une UE de salsa. J’en suis resté sur le cul. D’abord parce que je ne sais pas danser, et puis j’imaginais le cas extrême, ou peut être pas si extrême que ça, ou un étudiant en physique pourrait valider son diplôme grâce à la salsa. Quelle crédibilité pour le diplôme et par extension à l’institution qui le délivre ? On s’étonne de voir nos universités briller par leur absence dans les divers classements internationaux mais comment prendre au sérieux des diplômes qui pourraient être obtenus grâce à des compétences complètement étrangères au domaine de formation. Qu’est ce qu’on en à foutre que tel ingénieur en physique soit un bon danseur de salsa ou bien qu’il ait fait partie de la chorale de son université ? Il me semble que l’important serait plutôt qu’il maîtrise les connaissances théoriques et pratiques indispensables à la pratique de son futur métier.

Tout ceci n’est qu’un grain de sable supplémentaire sur les plages de désolation que constitue notre système éducatif. On veut que de plus en plus de jeunes soient diplômés, on vise un jeune sur deux à bac + 5 si je ne dis pas de bêtise, mais qu’est ce que cela représente, si le diplôme ne vaut plus rien ?     

 

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Commentaires
M
Cet étudiant entendra sans doute Vous dansiez? et bien chantez maintenant..
C
Finalement, l'option "jonglage" au bac d'une de mes filles (celle qui est ingénieur informatique maintenant) n'était pas si inappropriée que ça !
M
"Tout ceci n’est qu’un grain de sable supplémentaire sur les plages de désolation que constitue notre système éducatif." Pure poésie et tellement vrai. <br /> <br /> Mon prof d'anglais, qui tenait la chaire de la licence, quand je fréquentais l'université, avait obtenu son année grâce à son option "Art en gommettes". Ça expliquerait des trucs...
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