Vous avez demandé la Police...?
Au début du mois de Juillet, Claude Guéant, Ministre de l’Intérieur, s’est chicoré avec la Cour des Comptes. Les Sages de la rue Cambon s’en prenaient à la gestion des forces de l’ordre. Pour résumer, on reprochait à la Police d’obtenir des résultats insatisfaisants au regard des moyens financiers mis en œuvre pour ses missions.
Hier en fin d’après midi, au moment de payer mes courses, je me rends compte que j’ai perdu ma Carte Bleue. Ironie de l’histoire, j’en trouve une à côté de la caisse quasiment au même moment. J’ai fait ce que 99% d’entre nous auraient fait, je l’ai remise à une caissière afin que son propriétaire puisse la récupérer. La Carte Bleue hein, pas la caissière. Madame Phénix, toujours pleine de bon sens, me dit de vérifier immédiatement si rien de frauduleux n’a été commis sur mon compte bancaire. A vrai dire je pensais avoir foutu ma carte bancaire à la poubelle en rangeant mon plateau-repas le midi, je n’étais donc pas inquiet. Remonté contre ma connerie, mais pas inquiet.
Une fois chez moi, je fus rassuré sur mon Alzheimer grandissant, car je n’avais pas jeté ma carte à la poubelle, mais on me l’avait volé à l’insu de mon plein gré. Et bien sûr on m’avait délesté de 200 euros sur mon compte. On est un con c’est bien connu mais sur ce coup là il avait bien exécuté son forfait. Un coup d’œil rapide, un joli mouvement pour fouiller dans ma poche. Non vraiment rien à dire. Evidement j’ai fait opposition sur ma carte immédiatement et j’appelle ma banque pour savoir quoi faire. Il fallait porter plainte et me présenter le lendemain au guichet de ma banque avec ma plainte et mon numéro d’opposition. Et là c’est le drame…
18h45, début des opérations. Il y a une gendarmerie à 700 mètres de chez moi. Grilles fermées avec un petit mot scotché ici depuis très longtemps visiblement. La gendarmerie de Mufflins n’accueille plus le public, veuillez vous rendre au commissariat de Mufflins. Bon, demi tour et je vais donc au commissariat de Mufflins. Fermé. Chouette. Mais ne nous décourageons pas. Et si on allait au commissariat de Glumotte, la ville à côté de chez moi? C’est un gros commissariat, il sera ouvert pas de doute. Enfin j’espère. Un quart d’heure après me voilà devant la porte avec Madame Phénix. Je sonne à l’interphone. « C’est pour quoi ? » Alléluia nous avons trouvé de la vie chez les forces de l’ordre. J’explique qu’on m’a volé ma carte bleue et qu’on s’en était servi frauduleusement (ai-je bien été raisonnable d’employer un mot de cinq syllabes ?), par conséquent je désirais portais plainte. Petit silence. « Bon, je vais vous faire rentrer mais je ne sais pas si le chef de poste va pouvoir prendre votre plainte car il est occupé ». Super. Une nana, gaulée comme un Golgoth, vient nous accueillir et nous invite à patienter. Quelques instants plus tard le chef de poste se pointe. Je lui réexplique pourquoi je suis là. « Ah vous avez imprimé votre relevé bancaire ?». Euuuuh non. « Je ne peux pas prendre votre plainte sans votre relevé, si vous pouvez le faire de chez vous revenez me voir après, (et dans un grand sourire) nous sommes ouverts 24/24, pas de problème ». Vous pouviez pas le dire avant ?
Presque une heure de perdue, mais on avance. Je retourne chez moi, en ayant envie d’égorger un chien, et en plus je commence à avoir les crocs. Je peste contre l’imprimante qui met deux plombes à me sortir deux feuilles et on repart pour le commissariat de Glumotte. Re-interphone, et re-attente dans l’hôtel de police. Le chef de poste revient vers nous et nous explique qu’étant donné qu’ils ne sont que deux dans tout le commissariat, que le Golgoth n’est qu’adjoint de sécurité, il ne peut pas nous recevoir dans un bureau mais qu’il va prendre les informations dontil a besoin pour établir son rapport, qu’il va le taper « derrière » et qu’il reviendra me le faire signer. Chaleureux non ?
Il lui fallait le numéro de ma carte bancaire. Je le regarde ahuri d’un air de dire « JE N’AI PLUS MA CARTE ! J’étais censé apprendre par cœur le numéro avant de me la faire tirer ??? ». Pas con, le chef de poste voyant la détresse surgissant de mon regard, m’a donné le numéro de téléphone du service bancaire prévu à cet effet. Donc j’appelle, avec mon portable, ça n’a rien coûté à nos impôts, prend ça dans les dents la Cour des Comptes, et j’obtiens le numéro de ma CB. Satisfait le chef de poste retourne « derrière ». Quelques minutes plus tard il revient en me demandant l’adresse de l’endroit où le délit s’est déroulé. Bon moi cette rue, et à peu près tout le monde dans le quartier, on l’appelle la rue du Monop’. Mais je savais bien que ça n’allait pas coller avec le rapport de police. « Vous avez internet sur votre téléphone, il fait GPS, vous avez un IPhone ? Non je dis ça comme ça vous pourrez retrouver le nom de la rue. » Ah parce qu’il n’y a pas Internet sur les ordinateurs chez la Police ? Vous êtes encore à Windows 3.1 ? Bon ok ok je m’en charge. J’ai un téléphone de pauvre, et pas moyen que le site des Pages Jaunes s’affiche correctement. Du coup je passe un coup de fil à un ami. Il est 20h25. Normalement à cette heure là, facile de joindre quelqu’un qui est chez soi, avec un ordi à portée de main. Et c’est là qu’on voit que Plus Belle La Vie est un phénomène de société, car j’ai dû appeler trois personnes pour qu’enfin on daigne décrocher. Bon après plus de sept minutes, mon amie avait sans doute acheté son PC dans les surplus de la Police, on me donne enfin le nom de la rue. Marie Andrée Lagroua Weill-Hallée. Franchement la rue du Monop’ c’était plus simple. Mais là encore ça n’a rien coûté aux contribuables, l’honneur de la Police Nationale est intact.
20h50. Je sors du commissariat avec mon procès-verbal, huit lignes, fautes comprises, signé par le chef de poste. Bon tout de même, il faut dire que le chef de poste a été bienveillant, sympa, courtois, très Service Public, mais alors pour le reste… S’il y a overdose de moyens pour la Police j’attends toujours de savoir où. La malheureuse expérience vécue hier n’est pas la première que je vis avec la Police. Entre le flic qui tape d’un doigt et qui me conseille de faire ma propre enquête, l’OPJ obligé d’appeler un bureau je ne sais où pour savoir s’il peut imprimer son rapport, les commissariats fermés les soirs et week-ends, comment voulez vous que les résultats soient à la hauteur de nos attentes ? D’autant plus qu’a fortiori les fonctionnaires de la Police sont des hommes comme les autres.
Bon maintenant il va falloir que j’aille affronter ma banque.
/https%3A%2F%2Fstorage.canalblog.com%2F15%2F45%2F503764%2F95913163_o.jpg)
/https%3A%2F%2Fstorage.canalblog.com%2F23%2F91%2F503764%2F90181302_o.jpg)
/https%3A%2F%2Fstorage.canalblog.com%2F60%2F31%2F503764%2F89790478_o.jpg)
/https%3A%2F%2Fstorage.canalblog.com%2F65%2F69%2F503764%2F89557375_o.jpg)