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29 août 2011

L'eau, la vie

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J’aime bien la plage. Pourtant je déteste le soleil et mes congénères, mais j’aime la plage. Un vieux réflexe de citadin qui peut passer des années sans voir la mer ? Impressionné par l’immensité de la Grande Bleue ? Non rien de tout ça. Sans doute parce que, hormis le fait qu’on peut mater les nanas en maillot de bains, c’est un des seuls endroits où ne rien faire est toléré, bien vu même. Et cerise sur le gâteau, un lieu où les gosses n’ont pas besoin de leurs parents, surtout s’ils ont des frères et sœurs plus grands pour s’en occuper. Oui parce que, finalement, j’ai trouvé une utilité aux enfants : à partir d’un certain âge, les plus grands servent de nounou de rechange aux plus petits.

 J’aime la plage certes, mais elle ne manque pas et il ne me viendrait pas à l’idée de partir sur un coup de tête vers la mer la plus proche. Faut pas déconner quand même. Si j’ai envie de me baigner, il y a des piscines pour ça. Bon d’accord ce n’est pas du tout comme la plage. Premièrement l’eau est plus chaude, plus propre, il n’y a pas de sable et finalement on est obligés d’aller dans l’eau. Alors qu’à la plage, finalement, la majorité des gens ne se baignent pas. Les gosses ouais, toujours motivés pour ça, alors qu’ils traînent des pieds pour rentrer dans une baignoire, ils ne sont donc pas allergique à l’eau. Au savon seulement, faut-il croire. Mais passer un certain âge, l’homo sapiens rechigne la plupart du temps à piquer une tête. Alors oui il se rapproche de l’eau qui vient manger le sable, tout au plus il trempe ses pieds pour conclure invariablement qu’elle est vraiment trop froide, parfois mégalomane comme je peux l’être, il regarde les vagues se gonfler et venir s’échouer à ses pieds en signe de soumission. Puis devant cette victoire héroïque de l’homme sur les éléments il revient s’asseoir sur son trône, pardon sa serviette.

Pendant que, planqué derrière mes lunettes de soleil, je regardais autour de moi, certaines choses m’ont frappé. La plage est un grand révélateur, comme si confronté à une situation géographique spéciale, une sorte de bout du monde, la nature profonde de chacun ressortait. Commençons par les enfants. Quelle est l’activité typique des mioches sur la plage ? Le château de sable. On les voit tous s’appliquer à remplir leur seaux, les renverser doucement, admirer leur œuvre et fignoler leur châteaux à coup de tunnels. Ils ne le savent pas, mais à ce moment précis toute la vie leur est expliquée. Il y a ceux qui n’ont qu’un petit seau et rien d’autres, ceux qui ont la pelle en plus, ceux qui auront beaucoup de matériel (des moules pour faire les murs ou les tours…), ceux qui vont faire le château seul, ceux qui vont le faire à plusieurs, ceux dont les parents vont les aider. Tout le monde ne part pas avec les mêmes chances dans la vie. Et puis il y a ceux qui viendront démolir leur château, volontairement ou non. Ils auront alors peut-être la force d’en reconstruire un autre, plus beau, ailleurs. Mais à la fin, tout finira par être englouti par les eaux, et lorsque la marée sera redescendue, il n’en restera aucune trace. Alors d’autres enfants reviendront le lendemain, pour construire d’autres châteaux, qui disparaîtront eux aussi, et ainsi de suite. Deuxième chose avec les enfants, et est-ce une bonne chose, les arguments contradictoires sont aussi recevables les uns que les autres, ils se croient capables tout. C’est flagrant avec leur histoire de vider la mer dans un trou de vingt centimètres de profondeur ou avec leurs digues de sable censées stopper la montée des eaux.  Evidement ça ne marche pas, nous le savons bien, mais c’est assez amusant de voir quelle détermination les gosses mettent dans cette tâche aussi inutile. Juste parce qu’ils croient que c’est possible. J’avais beau expliquer à mon Ainée qu’elle s’épuisait pour rien, mais impossible de lui faire changer d’avis tant que l’océan ne lui avait prouvé par A + B qui était le patron en ces lieux. Là encore une grande leçon aussi bien pour eux que pour nous.

Et puis il y a les autres, d’abord les ados, en bande, où chacun séduit l’autre, usant de ces nouveaux jouets qu’ils viennent de découvrir : leurs corps. Ils sont beaux, ils sont insouciants, ils sont libérés de leur parents, ils ne sont plus des enfants, la vie leur semble formidable. Enfin les adultes, installés bien sagement en rangées comme s’ils étaient au spectacle. Sauf que devant eux il ne se passe rien. Souvent les couples sont assis, chacun sur sa serviette, et restent silencieux tant que les enfants sont loin. Ils regardent autour d’eux, lisent, bronzent sur le dos puis sur le ventre et lorsqu’ils jugent que le temps de cuisson est dépassé, ils plient les gaules et retournent chez eux. Ils se sont emmerdés, comme ils s’emmerderaient chez eux, mais ils étaient à la plage. Au moins pourront-ils dire qu’ils ont passé des vacances formidables puisqu’ils sont allés à la mer.

 

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Commentaires
C
Ce qui m'amuse toujours à la plage, ce sont les séances contorsionnistes de ceux qui persistent à vouloir se changer en public. Chacun son trip !
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