Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Textes Blog & Rock and Roll
Textes Blog & Rock and Roll
Publicité
Derniers commentaires
Newsletter
Archives
Visiteurs
Depuis la création 23 438
19 octobre 2012

Celebration Day - Led Zeppelin

Celebration_Day_cover

 

     Les revenants sont décidément très à la mode en ce moment. Après la Zombie Walk de Paris samedi dernier, le rock nous fait le coup du Retour des Morts-Vivants. Les Rolling Stones sortent une nouvelle compilation agrémentée de deux inédits, dont Doom & Gloom qui semble ravir les foules, ainsi qu’un nouveau documentaire en DVD. Quatre concerts à Londres et New York ont aussi été annoncés pour la fin de l’année. Led Zeppelin n’est pas en reste avec Celebration Day qui sortira le 19 novembre en DVD, Blue Ray, CD et même en triple vinyle. Toujours en train de parler des Stones celui là, vous allez me dire. Certes mais il y a un lien entre ces deux monstres sacrés du rock que sont les Pierres Qui Roulent et le Dirigeable de Plomb. Et ce lien s’appelle Ahmet Ertegun. Immense producteur, il fut le fondateur d’Atlantic Records, maison de disques au sein de laquelle se sont d’abord épanouis des artistes comme Ray Charles, Aretha Franklin, Wilson Pickett, puis plus tard les Stones, Led Zep, AC/DC entre autres. Lors d’un concert donné par les Stones au Bacon Theatre de New York en octobre 2006 (support de Shine A Light, tourné par Scorsese), Ahmet Ertegun, âgé de 83 ans fait une chute en coulisse, tombe dans le coma et décéde quelques jours plus tard. Un an plus tard, le 10 décembre 2007, un concert lui rendant hommage est organisé à l’O2 de Londres. A cette l’occasion Led Zeppelin se reforme, avec Jason Bonham (fils de) à la batterie, pour la première fois depuis le 40ème anniversaire d’Atlantic Records en 1988. Vingt millions de personnes tentèrent d’obtenir un billet, seulement vingt mille privilégiés purent pénétrer dans l’O2 pour assister à ce concert de légende. Avant-hier, Celebration Day sortait au cinéma un peu partout dans le monde civilisé. Les Français se sont contentés d’une séance unique, hier à 20 heures dans les cinémas Pathé-Gaumont.

    La foule appelle de tous ses vœux les dieux afin qu’ils daignent venir prêcher enfin la bonne parole du saint Rock and Roll. Une vidéo d’époque rappelle qu’en 73, au Tampa Stadium, Led Zep battait le record de la plus grosse affluence pour un concert aux Etats-Unis, et le tonnerre se met à gronder. Jason Bonham, un quintal de viande au bas mot, martèle ses fûts dans le plus pur style familial, et Page plaque simultanément deux accords dans une explosion de lumière. Good Times Bad Times, le premier titre du premier album, ouvre le show, Page Plant et Jones montent sur scène. Robert, la crinière beaucoup moins flamboyante qu’auparavant, le visage buriné, et conscient qu’il n’a plus 25 ans, a fermé sa chemise quasiment jusqu’en haut et ne porte plus de jean avec poutre apparente. Jimmy est manifestement très heureux que son groupe soit réuni. Un sourire béat lui barre le visage ainsi qu’une paire de lunettes aussi noires que ses cheveux sont blancs. John Paul Jones est quant à lui plus discret comme toujours, semblant sortir d’un afterwork un vendredi soir. La première chose qui frappe lorsqu’on les voit sur scène, c’est leur position. Les trois anciens sont très proches les uns des autres, réunis autour de la batterie de Jason Bonham. Ont-ils peur de ne pas être à la hauteur et donc se regroupent pour unir leurs forces? Veulent-ils protéger et soutenir le petit Bonham ? Ou bien en se collant à la batterie, peut-être désirent ils sentir la présence de Bonzo, qui doit, ce soir là plus que jamais, avoir un œil sur ses potes et son rejeton ? Un peu de tout ça sans doute, en tout cas avec ce morceau et le suivant, Ramble On, on vit le round d’observation de ce concert. Remarquez bien que pour démarrer on a vu pire. Avec Black Dog on rentre de plein pied dans le vif du sujet. Dès qu’on tape dans les classiques, le public répond immédiatement présent et chante à l’unisson d’un Plant qui a l’intelligence de s’épargner les parties trop aigües de la chanson. Premiers applaudissements dans la salle de cinéma. Page enlève son manteau, retrousse un peu ses manches, ça sent la baston. In My Time Of Dyinget son hard blues nous offre un des premiers grands moments de bravoure de ce concert. Jason Bonham et jimmy Page s’en donnent à cœur joie et se répondent mutuellement, l’un balançant ses riffs, l’autre s’échinant sur sa batterie. Le brushing du guitar hero se barre en sucette, sa chemise donne des signes déjà de fatigue, Page ne cabotine plus comme au départ, il a maintenant les mains dans le cambouis, et le moteur tourne à plein régime.

Led-Zeppelin-Reunion

 

     On a beau être des légendes vivantes, avoir tout connu, tout vu, il y a certaines choses qu’on n’oubliera jamais de faire. Comme rendre hommage humblement aux anciens par exemple. Robert Johnson et Blind Wille Johnson sont évoqués au moment d’attaquer Trampled Under Foot et Nobody’s Fault But Mine. On frise toujours le sans-faute mais on est loin d’avoir encore tout vu. Nos sexagénaires ont déjà beaucoup donné, qui veut voyager loin ménage sa monture, alors John Paul Jones s’assoit devant ses claviers et attaque l’intro de No Quarter. Et nous voilà tel Felix Baumgartner, dans la stratosphère, les pieds dans le vide, on plane pendant de longues minutes, Jones est impeccable, Plant et Page sont des faire-valoir de luxe, Bonzo peut être fier du fiston. A peine on touche terre qu’on redécolle aussi tôt avec Since I’ve Been Loving You, qui est en bonne position au challenge du plus grand slow de tous les temps. Plant prend alors le micro pour nous dire à quel point ce concert est important pour eux et que certaines chansons devaient forcément être jouées. Deux notes de basses suffisent à électriser le public. Dazed And Confused. Alors certes ça ne durera pas 25 minutes, mais Page brandit tout de même son archer pour le plus grand plaisir de la foule. Grand frisson et ovations méritées dans l’O2 et la salle de cinéma. L’obscurité se fait puis dans un rond de lumière Page surgit avec sa célèbre guitare à deux manches. Tout le monde a compris de quoi il allait retourner. L’histoire d’une fille qui croyait que tout ce qui brillait était or, et qui finissant sur un escalier pour le paradis. Et nous tous avec elle, même si Page raccourcit considérablement son solo. Allez hop on enchaîne avec The Song Remains The Same et Misty Mountain Hop (avec Jason Bonham en seconde voix, et chanter en gesticulant autant ce n’est pas une sinécure !). Kashmir pour finir, parce que ça rime (entre autre) et le public en redemande encore. Même les spectateurs assis dans la salle avec moi demandent un rappel ! Il n’y aura pas un rappel mais deux, et le zeppelin termine le boulot avec un bombardement digne de celui qu’a reçu Londres lors de la bataille d’Angleterre : Whole Lotta Love et Rock And Roll.

     Brel avait raison. On a encore vu le feu rejaillir du volcan qu’on croyait trop vieux. Celebration Day est bien plus qu’un DVD, c’est un témoignage à l’attention des générations futures. Si vous êtes fan de Led Zeppelin, il faut absolument avoir ce concert en sa possession, que ce soit en vidéo ou juste sous format audio. Et surtout n’hésitez pas à transmettre ce qui ressemble fort à un testament, à vos enfants, petits-enfants (oui faut bien le dire, je devais être un des cinq plus jeunes dans la salle de cinéma), votre petit cousin, votre nièce… Pas d’artifice, pas de musicien additionnel, juste un groupe de quatre types qui depuis son dirigeable envoie des éclairs tel Zeus du haut du Mont Olympe.  Alors certes le son a été, de l’aveu même des membres du groupe, retravaillé en studio, certes les techniques vocales et instrumentales sont un poil en dessous qu’il y a 40 ans, mais merde, quelle puissance, quelles sensations, quel concert !

 

     Verdict : Pour Noël l’Angleterre nous adresse ses meilleurs vieux.

 

Celebration Day, réalisé par Dick Carrouthers, avec John Paul Jones, Jimmy Page, Robert Plant et Jason Bonham. Sortie en DVD, Blue Ray, CD et vinyle le 19 novembre       

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
S
Salut. Vu ce concert monumental hier soir à LYON. A la hauteur des mes immenses attentes. En effet; la voix de Plant est en retrait mais franchement ça "envoie du bois". La version de kashmir est terrible et une fois de plus no quarter est sublime ( la version du live "the song remains the same" est deja belle à pleurer) quand aux restes les "classiques" sont là et des raretées sont presentes. Aucune fausse notes pour moi. Un regret ? seulement un soir au cinema ( faut dire que l'image et la qualitée du son c'est pas comme chez moi). Voilà , tonnerre d'applaudissements pour le rappel et à la fin du show.
Publicité