Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Textes Blog & Rock and Roll
Textes Blog & Rock and Roll
Publicité
Derniers commentaires
Newsletter
Archives
Visiteurs
Depuis la création 23 438
28 mai 2010

Faire du vieux avec du neuf

La grande affaire d’hier, à part le retour de la pluie sur Paris et l’hospitalisation de Gary Coleman, c’était les manifestations à propos des retraites. Un million de personnes ont défilé dans les rues en France selon les syndicats, 395.000 selon la police. Considérons que les flics ne sont pas allés à l’école et que les syndicalistes boivent, et donc voient double, remarquez les flics aussi boivent mais pas pendant le service, a priori, non je déconne hein, je salue tous nos amis de la Police. Je risque moins d’emmerdes avec la CGT qu’avec la Police. Oui donc revenons à nos moutons, ceux qui ont défilé, on peut estimer que la vérité est ailleurs et se situe entre ces deux chiffres. Dans la Fonction Publique par exemple le taux de gréviste était de 14 %. Sachant que dans le lot il y en a qui luttent exclusivement chez eux devant Rolland-Garros autant vous dire que la mobilisation est assez modeste.

Alors les retraites comment ça marche ? Un moteur de 20 tonnes dans la partie inférieure, une poussée de 42000 mégatonnes soit 40 fois Hiroshima, la partie supérieure comprenant un poste de commande guidé par satellite et la partie centrale au centre. Euh… merci Michel Chevalet. L’inconvénient quand on a un budget aussi colossal que le mien pour tenir un blog, c’est qu’on a pléthore de consultants et qu’on se mélange un peu les pinceaux. Donc les retraites, pour faire simple, ça fonctionne de la manière suivante : les entreprises et ceux qui travaillent cotisent pour ceux qui sont à la retraite. L’âge légal, pour le régime général, auquel chacun peut prétendre à la retraite est de 60 ans et toujours pour rester dans les généralités vous devrez avoir cotisé 41 ans en 2012 pour prétendre à une retraite à taux plein. Bon je vous passe le calcul de l’indemnité perçue qui est très avantageuse pour les employés du service public. Aujourd’hui un employé du privé part en moyenne à la retraite à 61 ans quand le fonctionnaire, lui se verra offrir une paire de charentaises par ses collègues à 57 ans. On est de sacrés déconneurs dans l’Administration.

Le système, instauré sous Vichy en 1941, marchait plutôt pas mal au départ puisque la démographie était très favorable à ce système. La guerre avait fait des dégâts et de manière générale l’espérance de vie était bien en dessous de ce qu’elle est aujourd’hui. Elle est passée de 49 à 80 ans entre le début et la fin du 20ème siècle. Le nombre de retraités a donc considérablement augmenté. En 1975 il y avait 3,14 salariés pour un retraité. Ce qui veut donc dire que pour financer la pension d’un retraité on avait 3 personnes qui versaient une part de leur salaire (et bien sûr les entreprises). En 2008 le ratio n’est plus que d’1.45 salarié par retraité (et les Trente Glorieuses sont loin…). Dans le même temps les jeunes ont de plus en plus de difficultés à entrer dans le monde du travail et entament leur carrière professionnelle de plus en plus tard. Si nos parents ont souvent commencé à travailler aux alentours de 16 ans, les générations actuelles, pour diverses raisons (des études plus longues, un tanguisme aigu, le chômage, la crise…) entrent dans la vie active quasiment 10 ans plus tard. Dans ces conditions comment concilier 42 ans de cotisation et un départ à la retraite à 60 ans ? Comment financer la retraite de plus en plus longue d’une population de plus en plus importante ?

Travailler plus longtemps, cotiser plus, taxer encore plus les bénéfices, baisser les retraites… Il y a peut-être d’autres solutions pour mettre de l’argent dans un système qui à terme ne pourra plus fonctionner. La voie qui serait a priori indolore pour le salarié serait de taxer les bénéfices. Quand on dit cela on pense aux grosses multinationales qui se font des couilles en or, qui versent des dividendes énormes à leurs actionnaires, des stock options etc etc. Mais combien de PME qui sont sur le fil du rasoir à côté de ça ? Le « patron » n’est pas qu’un gros bourgeois habitant dans le 16ème arrondissement. C’est aussi le boulanger au coin de votre rue, le plombier indépendant, le type qui a une société de 4 employés… Rajouter des taxes à des petites boîtes qui tous les jours rament ne serait pas forcément productif pour l’emploi.

Pour moi la seule solution viable serait de travailler plus (oui j’ose écrire un truc pareil, bon en même temps, ce que je fais je pourrais physiquement le faire jusque 150 ans à peu près). L’âge de la retraite ça ne veut plus rien dire, il faut raisonner en termes de durée de cotisation. Une personne ayant commencé le travail à 16 ans et ayant fait ses 42 ans de cotisation devrait avoir le droit de partir à la retraite à taux plein à 58 ans. Quelqu’un qui ne commence à travailler qu'à 30 ans (et croyez-moi on en voit des étudiants qui à 28 ans font leur 3ème master et ne se décident toujours pas à quitter les bancs de la fac) ne peut raisonnablement pas prétendre à ne travailler que trente ans et se faire payer les 20 ou 25 dernières années de sa vie par la société. D’autant plus que l’espérance de vie va encore augmenter au cours du 21ème siècle. Sera-t-il économiquement viable de ne travailler que 40 ans pour 30 ans de retraite ?

Alors après on va me dire que la pénibilité du travail doit rentrer en ligne de compte. Bon bah dîtes-le. Ne me faîtes pas attendre. Merci. Ok je suis d’accord avec vous, d’ailleurs l’ouvrier a une durée de vie moindre que le cadre et donc une retraite potentiellement plus courte. On peut très bien niveler la durée des cotisations selon le travail effectué. Mettre une sorte bonus/malus suivant la dureté du métier. Mais là je sens qu’on va déboucher sur des discussions du type « Ah ouais mais moi ce que je fais c’est plus dur que mon voisin alors pourquoi je dois travailler plus ? Vous croyez que c’est facile de bosser toute la journée avec Dugenou ? ». Alors on ira manifester pour faire passer son intérêt personnel avec l’intérêt collectif. Comme hier où on défilait pour préserver les sacro-saints acquis sociaux.

Imaginons trois naufragés sur une île déserte. L’île peut fournir 10 rations de nourriture par jour. Il est décidé que chaque personne aura droit à 3 rations par jour et que le reste sera mis de côté au cas où. Les trois naufragés deviennent quatre, forcément sur une île déserte il n’y pas grand-chose à faire alors faut bien s’occuper je ne vous fais pas de dessin. Au début ça va, le surplus suffit pour nourrir le quatrième, mais si chacun s’accroche à ses trois rations par jour (même le quatrième puisque c’est un acquis social), au bout d’un moment y’aura un gros problème quand le surplus sera épuisé. Parfois la nécessité est plus forte que l’acquis et il faut savoir renoncer à une part de ses acquis pour ne pas tout perdre.

Je ne vous avais pas dit qu’il risquait d’être chiant ce blog ? J’attends avec impatience vos réactions pour qu’on puisse en débattre.

(Sources : site de l’INSEE, Wikipédia, dépêche Reuters)

Publicité
Publicité
Commentaires
L
merci pour ce blog!
M
Avec un collègue, on parle souvent des acquis sociaux. Lui, il est né en 61. Il a connu les belles "luttes", le rock, les années 80, l'arrivée du sida... alors que mes parents me larguait à l'heure de la pré-dislocation de l'URSS. C'est un syndicaliste convaincu, un râleur, un qui aime déranger. Il ne faut y voir là aucune critique. Nous sommes de générations différentes... <br /> En effet, je fais partie de ce que les sociologues appellent "la génération Y". Si, vous connaissez ! Vous en avez un à la maison. Un jeune (plutôt) citoyen de l'Europe, qui ne se souvient déjà plus de la valeur du franc. Un "socio-démocrate" tiède, être égo-centré comme ils disent (vraiment ??) qui pense à son bien être avant le bien commun. Un insolent qui n'a pas de respect pour l'autorité. Qui ne s'attache pas à l'entreprise et donc à ses valeurs. Qui vous demande toujours "pourquoi ?" (j'en sais personnellement quelque chose)et remet en cause chacun de vos ordres. Celui pour qui "expérience (du temps)=compétence" ne veut strictement rien dire. Un morveux. Oui celui-là ! <br /> Donc, mon collègue et moi nous opposons souvent sur la question des acquis sociaux. Il a peur de notre génération qu'il juge trop "timorée". Il craint qu'on ne soit pas là pour défendre ce pour quoi il s'est battu, jusqu'à en perdre sa dernière paire de tiag'. Peut-être a-t-il raison... ? Mais son discours semble ignoré totalement notre "existence" en tant que telle. Je pense qu'il nous voit toujours comme des enfants et demande, par le même temps, à ce que nous agissions comme des adultes. Et je me demande s'il sait même qui nous sommes. La jeune génération a ses propres valeurs, ses propres besoins, ses propres envies. Oui, nous ne luttons pas. Peut-être parce qu'on ne se sent tout simplement pas concerné quand bien même serions nous écoutés. Et puis vous nous parler d'emploi sécuritaire et stable ?! Oui pour la sécurité mais la stabilité n'est pas un critère qui nous regarde lorsque notre "génération" ne tisse plus le même lien avec l'entreprise et cherche à multiplier les expériences, sans cesse et sans remord. Là où nos ainés s'accrochent à leurs acquis, quels qu'ils soient, nous nous adaptons sans arrêt, à chaque instant, sans même que cela nous fasse sourciller. Surtout, ne vous inquiétez pas ! Vous l'aurez votre retraite à 60 ans, financée par les "mous tièdes" que nous sommes ! Parce qu'il est déjà acquis pour nous, depuis notre naissance presque, qu'il nous faudra travailler plus. Parce que nous avons grandi dans un climat de crise depuis notre premier jour. Parce qu'on nous a Ô combien expliqué comment cela était mieux avant. Notre premier problème de mathématique n'était-il pas "si : un petit français, né à la fin des années 80, part avec 150 000 francs de dettes à sa naissance dues aux dépenses excessives de ses parents en pétrole, vinyles, objets jetables, combien lui faudra-t-il de temps pour..."<br /> Alors, cher collègue, arrêtons de parlementer. Nous discutons de deux choses différentes. Préserve tes acquis sociaux. Je me bats pour d'autres ! Et la réforme des retraites, entre autres, me paraît censée (dans une concertation intelligente, autant que faire se peut !). Le schéma actuel est faux, et ce depuis que les données de calcul ont changé. Mais ce n'est là que mon avis.
Publicité