Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Textes Blog & Rock and Roll
Textes Blog & Rock and Roll
Publicité
Derniers commentaires
Newsletter
Archives
Visiteurs
Depuis la création 23 438
31 août 2010

Serie Noire (début)

I

Tous les soirs je la regardais par la fenêtre. Elle habitait l’immeuble juste en face au même étage que moi. Je ne savais rien d’elle. Elle devait avoir la trentaine, un mètre soixante dix environ, blonde aux cheveux longs, une silhouette qu’elle entretenait en dansant devant les clips à la mode. Ne me demandez pas qui chantait je serais bien incapable de vous les citer. Sans le son elle était ridicule à gesticuler comme ça au milieu du salon. Elle vivait seule ma charmante inconnue, le plus souvent calée sur son canapé avec ses deux téléphones à portée de main.

Ce soir là, je profitais de la douceur de la soirée pour passer un moment accoudé à mon balcon. La nuit était tombée et la rue baignait dans le calme. De temps en temps un scooter transportant une pizza et son livreur venait troubler cette tranquillité. Dans mon appartement un fond de musique douce berçait mon chat qui s’étirait sur un coussin. Je jetais un coup d’œil vers le salon de la blonde d’en face. De temps en temps un rai de lumière inondait son visage pendant quelques secondes puis elle replongeait dans l’obscurité. Les pieds posés sur sa table basse elle buvait un café. Son regard fixe dans la brume s’échappant de sa cigarette était pointé sur la source de lumière. Je l’ai regardé quelques minutes comme ça, immobiles chacun de notre côté de la vitre.

Et puis j’ai craqué. 

J’ai pris mes clefs, je suis descendu, j’ai traversé la rue, poussé la porte de son immeuble et grimpé les marches deux à deux. Arrivé devant sa porte j’étais essoufflé. Qu’est ce que j’allais pouvoir lui dire ? Je me trouvais ridicule dans cette situation. Jamais je n’aurais osé aborder une fille dans la rue et voilà que je m’étais précipité chez une voisine que je ne connaissais pas. Maintenant que j’étais là il fallait aller jusqu’au bout. J’ai donc sonné.

Au bout d’une trentaine de secondes elle a ouvert la porte. Elle avait l’air surprise de me voir. A sa place j’aurais sûrement eu la même réaction.

-  Déjà ? Je viens juste de raccrocher et ma pizza est déjà prête ?

Est-ce que j’ai l’air d’un livreur de pizza ? Et que j’arrive les mains vides ça ne lui a pas mis la  puce à l’oreille ? D’un violent coup de pied, j’ai poussé la porte. Visiblement elle ne s’attendait pas à ce que l’arête de sa porte blindée vienne s’incruster sur celle de son nez. Sa tête bascula en arrière et la désormais un peu moins jolie blonde  s’écroula pour se retrouver assise contre le mur de son entrée. Je me suis précipité à l’intérieur en refermant la porte derrière moi. Un vieux réflexe me poussa à lui envoyer un énorme coup de pied dans les gencives. D’abord ça a fait crac comme une aile de poulet qu’on brise en deux et ensuite ça a fait boum comme un caillou qui tombe par terre. Saignant sur le carrelage la plus très jolie blonde tenta de se relever, mais c’est à ce moment la que j’ai sorti ce long couteau et que je lui ai enfoncé en pleine poitrine. Ca avait l’air de la faire souffrir alors pour abréger ces souffrances je l’ai replanté huit fois un peu partout dans le ventre.

« Julie c’est Sandra, ça va ? T’as vu l’émission, moi en tout cas je vais voter pour Dimitri, il est trop beauuuuuuuuuuuuuu, allez fais pareil comme ça on verra encore sa petite gueule la semaine prochaine ! Rappelle-moi ! »

Trop tard Sandra, il fallait téléphoner cinq minutes avant.

 

J’en avais marre de toutes ces émissions. Marre de voir un jeune con répondre qu’un cruciverbiste était amateur de crucifix, marre de voir une gonzesse sécher lamentablement devant Léonard de _inci à la Roue de la Fortune, marre de voir toutes ces pubs débiles, marre de voir ces journaux télévisés formatés pour que finalement nous ne sachions rien, marre de voir tous ces gens aduler des chanteurs qui étaient inconnus avant de passer à la télé et qui seront inconnus trois mois après la fin de l’émission, marre de voir toutes ces séries où les « héros » se marient une à deux fois par saison, passent leur vie à se cocufier les uns les autres (comme quoi dans le show-biz, tout le monde couche avec tout le monde…) marre de ces émissions où l’on vient raconter sa vie juste pour avoir son quart d’heure de gloire, marre de cette télé-réalité aussi réelle que le Père Noël, marre de cette presse people qui nous apprend toute la vie des vedettes dont je me fous… Je n’en pouvais plus, il fallait que je fasse quelque chose. Si une boutique n’a plus de client elle ferme, alors pour que cette énorme boutique d’abrutissement disparaisse, j’ai commencé mon sale boulot chez la voisine d’en face. Je sais c’est facile de s’attaquer à une femme seule. Mais la ménagère de moins de cinquante ans est la cible préférée des annonceurs.

 

J’ai trouvé un couteau électrique dans la cuisine de la blonde. Tout le monde était scotché devant sa télé dans l’immeuble. Personne ne m’a entendu lui découpé la boite crânienne en deux. Mes mains habillées de gants Mappa ont mis dans un sac plastique la cervelle de mon ex voisine d’en face. C’est mon chat qui allait être content, j’avais oublié de lui prendre des boîtes. La blonde venait de perdre un peu plus d’un kilo, elle aurait été contente j’en suis sûr.

« Pour éliminer Dimitri tapez 1, pour éliminer Gladys tapez 2, cela vous coûtera deux fois cinquante centimes par appel… ». J’ai éliminé Julie et ça ne m’a rien coûté. Je l’ai traîné dans son salon. Elle pourra dire qu’elle a laissé une trace de son passage. Rouge dans le couloir. Je l’ai installée assise sur son canapé, la télécommande dans la main. J’ai essuyé le sang qui coulait de sa bouche, elle souriait bêtement. Parfait. Je n’avais plus qu’à partir. En mettant la main sur la poignée je me suis arrêté. J’ai fait demi-tour. Je suis retourné dans le salon, j’ai éteint la télé. Elle n’avait plus le cerveau disponible, ça ne servait plus à rien de regarder TF1. Elle n’avait plus de cerveau du tout d’ailleurs.

      

         Le lendemain, il fallait que j’aille chez Sandra.

Publicité
Publicité
Commentaires
C
C'est sûr que là c'est plus un film de coup de boule
C
C'est le livreur de pizza qui va être déçu. Parce que dans ses films à lui...
Publicité