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Textes Blog & Rock and Roll
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8 septembre 2010

Série Noire (3ème épisode)

III

Hier c’était vendredi et je voulais bien qu’on m’aime. Mais ce soir là il n’y avait ni Wanda, ni sirène. Il faisait déjà nuit et seul mon chat daignait passer sa soirée avec moi. Ceci dit il ne faisait pas beaucoup d’effort, il ronronnait sur mes genoux en digérant. En me levant brusquement j’ai pris six coups de griffes dans les cuisses. Saleté de chat ! J’ai attrapé mon blouson accroché au portemanteau et je filai dehors. Ce soir direction le luxe et les abords des Champs.

Un.

En déambulant dans les rues, je ne voyais que des grosses berlines aux phares surdimensionnés et des larbins portant l’uniforme des palaces. A quelques kilomètres de chez moi un autre monde s’agitait. Ses valeurs sont si différentes des miennes, ses devises aussi. Ici on ne parle que de dollars, yens, euros, livre sterling, de CAC 40, NASDAQ, indice Nikkeï, vacances à Gstaad, ou au Bahamas. Les magasins de luxe éclairent le quartier d’une lumière vulgaire. Le rêve à portée d’yeux mais pas à portée de mains.

Deux.

Il s’est mis à pleuvoir et je m’abritai sous le porche d’un de ces immeubles hausmanniens. J’attendais, rien à faire. Hier c’était vendredi et à vingt-trois heures un blaireau allait voir sa vie changer. Jusqu’à aujourd’hui il se levait de bonne heure pour aller gagner une misère. A vingt-trois heures cinq, après avoir vu comme toutes les semaines une demi-douzaine de boules tomber d’une sphère, il détenait un ticket à deux cents millions d’euros dans ses mains. Ca faisait deux mois que la cagnotte n’était pas tombée. On ne pouvait pas ignorer l’info, tout le monde en parlait. Aux infos, sur les affiches, à la radio, dans les journaux, au bureau. Tout le monde espérait gagner ces foutus deux cents millions. Et dans deux ans on verra dans une quelconque émission débile le même mec devenu dépressif, divorcé et ruiné après avoir claqué tout son pognon gagné au Loto. Etre riche ce n’est pas un truc de pauvres

  Trois.

Voila le gagnant de ce soir-là. Il approcha d’une BMW noire aux vitres teintées. Il était trop vieux et trop gros pour en être le chauffeur. Il appuya sur le bip de la clef pour déverrouiller la fermeture centralisée des portes. Je me suis jeté sur lui et lui ai asséné un coup violent sur la nuque. Il s’effondra en silence. Il était vraiment gras. J’ai eu toutes les peines du monde à le traîner sur la banquette arrière. En fouillant son coffre j’ai trouvé une caisse à outils. Je collai les mains du lauréat sur la banquette et les chaussures sur le plancher avec de la colle extra forte. Au moment de se réveiller il ne pouvait plus bouger. Un petit chiffon au fond de la bouche et j’avais la paix.

Je n’avais jamais conduit une telle voiture alors j’en profitais pour me promener dans Paris. La Tour Eiffel, le Trocadéro, la Place de l’Etoile, la Concorde, les quais de Seine, les Invalides, Montparnasse, j’ai joué au vrai petit touriste dans cette bagnole de luxe. Moi aussi ce soir je faisais un ou plusieurs heureux. Le lendemain matin, sa femme et ses gosses se réveilleront avec un héritage tombé du ciel. Mais malheureusement pour eux ça ne sera pas net d’impôts. Dans son attaché case, des relevés de comptes lui appartenant m’ont révélé que mon gagnant était plus que blindé.

Je l’entendis remuer et tenter de pousser des cris. Il paniquait le pauvre. C’est qu’il se faisait tard et il allait falloir penser à rentrer. Mais avant il fallait finir le boulot. J’avais besoin d’un  coin tranquille pour ne pas être vu. J’évitai le bois de Boulogne qui est fort fréquenté à cette heure ci et j’optais pour la forêt de Meudon. Après une petite demi-heure je trouvais l’endroit idéal. Un parking isolé pas trop proche des arbres. J’ai demandé à Jean-Louis, on apprend beaucoup en fouillant dans les affaires des autres, s’il fumait. Il hocha la tête pour répondre par l’affirmative. Je le fouillai et trouvai un briquet dans sa veste. J’aspergeai la banquette avec de l’huile de vidange et je jetai un bout de tissus flambé. Je ne suis pas un chien, j’ai laissé une scie aux pieds de Jean Louis pour qu’il puisse se sauver. Bon d’accord il n’avait pas de mains disponibles pour s’en servir mais c’est l’intention qui compte non ?

L’habitacle prit très rapidement pris une couleur orangé. Jean-Louis me regardait en hurlant. En tentant d’hurler devrait-je dire parce qu’avec ce chiffon au fond du gosier je n’ai rien compris à ce qu’il voulait me dire. Il gesticulait dans tous les sens en voyant les flammes s’approcher de lui. Malheureusement la pub dit vrai. La colle est extra forte et le pauvre Jean Louis se transforma en torche humaine. Tout en me reculant, j’admirais les flammes qui dansaient autour de lui et je filais m’abriter un peu plus loin.

Au bout de trois minutes, la BMW explosa mettant un terme à ce méchoui improvisé. Je n’avais plus qu’à rentrer chez moi. J’ai marché toute la nuit pour rejoindre une gare.

Ce matin mon chat m’attendait pour manger. Il n’a eu que des croquettes. Je ne lui ai rien ramené, la prochaine fois il fera ses griffes ailleurs.

La semaine suivante il y avait deux cent vingt millions dans la cagnotte.

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Commentaires
C
Tu aurais dû noter la marque de la colle, ça aurait pu servir pour... je ne sais pas moi, faire tenir une barre de douche par exemple !
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