The times they are not changing
J’ai voté François Bayrou au premier tour. Pas que le bonhomme me fasse particulièrement rêver ni que j’imagine qu’avec lui tout ira mieux demain. Non du tout. J’ai bien conscience que rien ne se réglera d’un claquement de doigts. Mais disons que le concept de réunir les personnes de qualité et de bonne volonté, de droite comme de gauche, pour constituer un gouvernement d’union nationale me semble être la meilleure solution. Je ne dis pas que c’est la bonne, ni même que c’est la vérité absolue. Non c’est juste mon point de vue. Je ne sais pas ce que François Bayrou va dire après le débat d’hier soir (que je n’ai pas regardé), de toutes façons je sais déjà ce que je vais faire au second tour.
Rien dans ce pays ne pourra changer, d’une part tant que les mentalités des gens ne changeront pas, et d’autre part parce que le Monde est devenu un grand village. Il faut se faire une raison : la France ne fait plus le poids économiquement pour tracer le destin de la planète. Alors certes nous sommes encore la cinquième ou sixième puissance économique mais seuls nous sommes des nains à côté des Etats-unis ou de la Chine. Bientôt des pays comme le Brésil ou l’Inde nous dépasseront dans ce classement. Par contre l’Union Européenne dans son ensemble peut rivaliser avec les deux grandes puissances que sont les Chinois et les Américains. Quoi que veuillent en dire certains candidats, oui, la Finance dirige le monde. Jamais personne n’a pu lutter contre le pouvoir de l’argent.
Venons-en au peuple français. Nous sommes un peuple de râleurs (et en cela on peut donc affirmer que je suis un Français moyen), de contestataires, de réactionnaires et d’arrogants. Râleurs, car quoi qu’il arrive il faut qu’on se plaigne. Contestataires, car quoi qu’il soit décidé nous sommes contre. Réactionnaires, car il ne faut surtout rien changer sinon ce sont immédiatement grèves et manifestations. Ce qui est contradictoire avec le fait de toujours se plaindre que ça ne va pas. Arrogants car si l’autre pense différemment c’est forcément qu’il a tort (bon moi j’ai toujours raison ce n’est pas pareil). Prenons la politique, au hasard. Si vous êtes un électeur de gauche, celui qui votera à droite sera considéré comme un gros con de fasciste. Si vous êtes un électeur de droite, celui qui votera à gauche sera considéré comme un feignant laxiste et irresponsable. J’exagère à peine. Quand à l’électeur du centre il est qualifié par les deux camps de mou du genou au premier tour, et de très sympathique au second. Bien sûr je fais des généralités, je sais très bien qu’on peut tout à fait dialoguer sereinement avec des gens d’autres camps politiques sans que ça tourne à l’émeute. Oui mais voilà, ce qu’on entend le plus fort ce sont ceux qui sont le plus obtus à la discussion. Et d’ailleurs ce sont grâce à eux (ou plutôt à cause d’eux en l’occurrence) que j’ai fait mon choix définitif pour dimanche prochain.
Le score du Front National ne m’a pas surpris outre mesure. Il faudrait être aveugle et sourd pour ne pas se rendre compte que dans ce pays il y a un fond persistant de racisme et de xénophobie. Loin de moi l’idée de désigner un coupable politique. Sous Mitterrand, Le Pen est passé de 1 % à 14 %, avec Jospin au pouvoir on a eu le 21 avril 2002. Certains membres du gouvernement sortant ont fait des déclarations pour le moins malheureuses, et n’oublions pas le fameux « bruit et odeur » de Chirac. Le vote d’extrême droite s’est dédiabolisé ces dernières années, d’ailleurs beaucoup d’électeurs traditionnellement de gauche de mon entourage ont sans doute basculé du côté obscur de la Force. Notre société va mal. La faute à la crise économique sans doute, mais de mon point de vue, c’est surtout une crise intellectuelle. Nous ne semblons plus capables de réfléchir deux minutes, nous ne sommes plus capables de comprendre le fonctionnement de tout ce qui nous entoure. Les Français sont déçus de la classe politique dans son ensemble et de plus en plus de gens sont en train de penser que la Droite et la Gauche ont failli, alors autant essayer autre chose, suivez mon regard.
Encore une fois tout passe par l’Education, ou plutôt l’Instruction. Malheureusement ce n’est plus le niveau de compétence de nos écoliers qui priment mais le taux de réussite au bac. Et pour augmenter ce chiffre on n’a rien trouvé mieux que d’abaisser le niveau d’exigence. D’autre part un lycéen moins bien formé deviendra sans aucun doute un électeur plus facile à berner. La dernière mesure supprimant l’Histoire – géo en Terminale Scientifique illustre parfaitement cet état d’esprit. Karl Marx ne disait-il pas : « Celui qui ne connaît pas son histoire est condamné à la revivre » ? Comme quoi on peut voter centre-droit et citer Marx.
Quoi qu’il arrive dimanche, rien d’extraordinaire n’arrivera ensuite. Bien sûr le soir même les rues seront sans doute envahies de gens fêtant le nouveau président (je ne pense pas que ce soit la liesse populaire si Nicolas Sarkozy est réélu). Mais, passées les vacances d’été passées, la France redeviendra la France, avec son train-train quotidien, ses gens qui crèveront dans la rue, les gens du voyage que personne ne voudra voir s’installer près de chez soi, ces jeunes qui feront toujours peur aux vieux, ces étrangers (réels ou d’apparence comme dirait l’autre) qu’on trouvera trop nombreux, et tous ces politiciens que les gens trouveront incapables ou malhonnêtes, on se plaindra de devoir aller travailler, de la pluie, de la chaleur, et on continuera d’acheter Made In China parce que c’est moins cher. Par contre réjouissons nous de vivre dans une démocratie, dans laquelle l’alternance politique n’est pas synonyme de guerre civile, d’émeutes et de destruction.
Jusqu’ici tout va bien…