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Textes Blog & Rock and Roll
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7 juillet 2010

Baby Blues

                J’ai trois filles et je n’ai toujours pas trouvé une seule raison cartésienne de faire des gosses. Pourtant on n’arrête pas de clamer partout qu’avoir des enfants c’est la plus belle chose au monde. Sûrement des gens qui n’en ont pas qui racontent ça. Ou alors si on peut considérer que c’est vrai si on parle uniquement du moment où on les a. L’accouchement c’est génial. D’un point de vue masculin j’entends bien. On ne souffre pas, on ne se fait pas recoudre à vif quand c’est terminé, une sensation de fierté absolue nous envahit et en plus une fois qu’on rentre à la maison tout est calme, on peut même foutre le bordel pendant deux trois jours sans que ça ne pose de problème à quiconque. Le bonheur.

                Jusque là ça baigne, c’est ensuite que ça se gâte. L’image d’Epinal de la famille heureuse et idéale en prend un coup. Parce que finalement un enfant c’est quoi ? Un changement total de votre existence. Vous vous souvenez comment c’était avant ? Vous étiez jeunes, vous étiez fous, vous aviez l’avenir devant vous. Vous aviez le temps de vous aimer avec votre chérie, le temps de vous organiser des petites sorties n’importe quand, n’importe où, de vous retrouver après le travail pour allez prendre un verre avant de rentrer à la maison, de partir en week-end sur un coup de tête, de forniquer à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, de faire de vraies grasses matinées jusque midi, la belle vie quoi. Et bien maintenant que votre chérie est devenue la mère de votre enfant c’est TER-MI-NÉ ! Désormais votre vie consistera principalement dans les premiers temps, à changer des couches, vous faire vomir dessus, tenter de calmer le bébé pour qu’il arrête de vous brailler dans les oreilles, dormir 4 heures par nuit quand tout se passe bien, manger quand le bébé aura décidé de vous laisser dix minutes de répit. Pour les sorties oubliez tout de suite, plus le temps. Et après le boulot magnez vous de rentrer pour aller chercher le monstre chez la nounou. Vous n’existez plus en tant qu’adulte indépendant, vous êtes devenus les esclaves d’un petit être qui ne s’exprime qu’en pleurant ou en remplissant sa couche.

                Et ça c’est juste le début. Ensuite le vermisseau commence à se déplacer et là, parce que la loi vous oblige à protéger votre progéniture, vous devez faire tout ce qui est en votre pouvoir pour qu’il n’arrive rien de fâcheux à celui ou celle qui s’est incrusté dans votre vie. Même si vous connaissez votre table basse depuis plus longtemps ce n’est pas elle qui doit être sauvée en premièr. La loi est inhumaine je sais bien, mais c’est la loi. Vous devenez donc déménageur d’intérieur, vous passez votre temps à rehausser tout ce qui peut passer à portée de main du rampant. Pourtant vous ne comprenez pas, vous étiez sûrs de l’avoir déjà fait la veille, mais bon même si vous aviez tendance à l’oublier, et c’est normal puisque toute votre attention est désormais portée sur le gremlins, vous vivez avec une femme très portée sur la décoration. Malheureusement l’alien ne fait pas encore la différence entre le pot pourri qui trône sur la table basse et son doudou qu’il adore mâchouiller.

                Alors que vous vous étiez réjouis de faire enfin des nuits de sept heures,  voilà que le golgoth commence à faire ses dents. Youpi vous pouvez jeter votre réveil. Mais ne vous plaignez pas, vous retrouvez une nouvelle jeunesse. En allant dormir sur le canapé, car le mioche ne veut se rendormir qu’avec sa mère, cela vous rappelle l’époque de votre premier studio. Si si rappelez vous, vous étiez jeunes, vous étiez fous. Ah vous voyez je sens perler une petite larme au coin de votre œil. Vous frôlez la crise de nerfs ? Pardon excusez-moi. Les dents ne viennent pas toutes seules, la bave les accompagne. Votre lémurien devient un gastéropode. Mais avec des doigts. Oui parce que les gamins ont un réflexe étrange, qu’on peut légitimement apprécier chez une jeune femme mais moins chez un enfant, ils mettent tout à la bouche. Et quand ils n’ont rien à y enfourner ils y collent leurs doigts. Des doigts enduits de bave qui viendront caresser avec amour votre visage. Nice isn’t it ?

                Et puis ça continue de grandir, vous ne sortez toujours pas. De toute façon vous n’avez plus d’amis. Soit ils ne supportent plus vos enfants, soit c’est vous qui ne supportez pas les leurs. Chaque expédition dans un magasin, ou pire chez le docteur, est un calvaire qui vous ferait passer l’écoute du dernier triple album de Lara Fabian pour le plus grand des délices. Partir en vacances ça veut dire passer plusieurs heures dans un espace confiné avec quelqu’un qui ne sait pas rester immobile et qui tient à le faire savoir. Comme la loi ne vous autorise toujours pas à égorger le gêneur et qu’il est assez mal vu dans notre société d’abandonner son enfant sur une aire d’autoroute, vous devez vous arrêter souvent et longtemps. Avec un peu de chance vous mettrez une bonne journée pour rallier Orléans depuis Paris.

                Vous aviez remporté de haute lutte la bataille pour la télécommande avec votre conjoint ? Avouez-vous vaincu devant la suprématie de l’enfant roi. En même temps comment vous le reprocher ? Les quelques instants de tranquillité que vous pouvez vous accorder seront lorsque Pingu ou Oui Oui sauront captiver votre descendance. Il paraît que c’est mal de laisser ses gamins devant la télé. Possible, mais primo la télé ne déprime pas, deuxio quand la télé est cassée on en rachète une.

                Et puis il y a la bouffe. Au début vous trouviez ça sympa de terminer les petits pots du bébé ou les bonnes purées de légume. Vous vous faisiez gentiment rappeler à l’ordre par votre femme mais toujours avec le sourire. Mais vos enfants ont grandi, ils mangent à table avec vous, et surtout ils mangent la même chose que vous. Il faut apprendre une notion très difficile à intégrer pour un homme : partager sa nourriture. Vous repreniez deux fois des raviolis ? Estimez-vous heureux d’avoir une assiette à moitié pleine. A quatre heures vous vous enfiliez tranquillement un paquet de Pépito ? Dépêchez-vous si vous voulez en avaler trois. Quelle ingratitude les gosses je vous jure. Et pas que pour la bouffe. Quoi que vous fassiez ça n’ira jamais, si vous avez l’outrecuidance de leur demander s’ils sont contents ils vont répondront au mieux « Ouais » en soupirant, d’un air qui veut dire « Tu m’emmerdes ».

                Bon pour l’adolescence, je ne sais pas encore, je m’attends au pire. Oui parce qu’on pourrait penser que plus ils grandissent plus on s’habitue à eux, mais non plus on les voit et moins on les supporte ces sales mômes. C’est sans doute pour ça qu’on n’arrête pas de dire qu’avoir des enfants c’est la plus belle chose au monde. On espère tous être grands parents. Pour que ça soit à leur tour d’en chier !

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Commentaires
C
J'en aurai alors deux en plein de dedans. Bizarrement j'ai pas hâte..
C
L'évolution humaine (première partie) selon notre râleur :<br /> <br /> Bébé → vermisseau → rampant → gremlins → alien → golgoth → mioche → lémurien → gastéropode → gêneur → sale môme.<br /> <br /> J'ai vraiment hâte de connaître la seconde partie dite "adolescente" !
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