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Textes Blog & Rock and Roll
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22 septembre 2010

Alors...heureux ?

Et si Caliméro était le plus grand révolutionnaire du 20ème siècle ? Il a l’air un peu benêt avec sa coquille sur la tête, à déclamer à tout bout de champ que « la vie est trop injuste ». Nous sommes d’accord là-dessus. Mais n’est ce pas le summum de la subversion de nos jours de dire que l’on n’est pas heureux ? Parce que c’est ça le grand truc de nos civilisations : le bonheur. Il faut être heureux les amis, tout le temps, partout. Soyez gentils avec tout le monde. Ne vous inquiétez pas, si vous avez des problèmes on va vous vendre du bonheur. Mais quel est ce bonheur qu’on nous vend ? Une famille souriante avec des enfants adorables, un chien joueur, une belle maison toute propre, une voiture confortable, un travail passionnant et bien payé, un écran plat 103 cm, des amis formidables et du temps pour profiter de cet univers ouaté et tellement sécurisant. Belle utopie non ? Et surtout il faut absolument qu’on paraisse heureux.

J’ai toujours tendance à me méfier de ceux qui clament leur bonheur sur les toits. J’ai surtout le sentiment que c’est surtout un besoin de paraître aux yeux des autres plutôt qu’un constat. Ne pas être heureux, c’est très mal vu de nos jours. Et je ne vous parle même pas de ceux qui sont malheureux et qui osent l’affirmer. La dépression touche cependant un grand nombre de nos congénères. Qu’est ce que la dépression ? En bon web-addicts que nous sommes tournons nous vers Wikipédia :

En psychiatrie le terme dépression (ou dépression nerveuse), du latin depressio, « enfoncement » est d'un usage relativement récent, c'est autour du XIXe siècle qu'il est apparu dans son usage psychologique.

Il a progressivement et - en partie - supplanté le terme ancien de mélancolie qui est devenu « lypémanie » (« folie triste ») avec Esquirol (1819) puis à nouveau « mélancolie », réhabilité à la fin du 19ème avec Emil Kraepelin pour désigner les syndromes qu'on appelle aujourd'hui « dépression majeure » (troubles bipolaires, cyclothymie, etc.). Notons que Kraepelin l'entendait surtout dans le sens de psychose maniaco-dépressive avec l'alternance des phases maniaques ou hypomaniaques et dépressives.

(…)

Le terme recouvre actuellement et au moins trois significations : il peut se rapporter à un symptôme, un syndrome ou une entité nosologique, dans le langage actuel une maladie qui se manifeste par une perte de l'élan vital (lassitude, dépréciation de soi, pessimisme, etc.) qui entraîne notamment avec soi et les autres, l'entourage en particulier.

On peut légitimement considérer que Wikipédia est un site auquel on peut se fier. Si j’ai bien compris ce que je viens de lire, et je vous avoue que certains termes restent obscurs pour moi, un dépressif est quelqu’un qui est mélancolique, fatigué nerveusement et qui en a un peu ras le cul de tout ce qui l’entoure. Un type malheureux en somme. Mais avant tout il est considéré comme un malade mental. Ce n’est pas grave, on peut le remettre dans le droit chemin avec des petites pilules. D’abord on va l’écarter du reste dans la société, il ne faudrait surtout pas qu’il contamine les autres.

Heureux les simples d’esprits car le royaume des cieux leur est promis. Un des plus grands publicitaires de l’Humanité a popularisé ce slogan il y a deux mille ans. Mais était-ce un slogan ou un constat ? Le bonheur est désormais un produit manufacturé que l’on nous vend, en forfait, au litre ou au kilo. Mange, prie, aime nous vend Julia Roberts ces jours-ci. C’est beau. Comme une crêpe au chorizo. Et c’est tellement représentatif de ce qu’on attend de nous. Consommer, suivre une religion qui vous dira ce qu’il faut penser, et vous reproduire afin de faire de nouveaux clients. Vous voulez être heureux, surtout ne réfléchissez pas. Mais ce qui était très coercitif depuis l’Antiquité est devenu très subtil et intelligent de nos jours. Les moyens de communications d’aujourd’hui sont beaucoup plus fun que par le passé. Le spot de pub a remplacé le curé, le rabbin, l’imam, ou le soldat avec son tambour qui criait « Oyez, oyez ! » sur la place du village.

Attention le bonheur ne rime pas forcément avec soumission intellectuelle. Je ne dis pas qu’il faut être malheureux, loin de là. Mais je veux dire, par expérience on sait tous que la vie ce n’est pas qu’une partie de plaisir. Nos collègues nous emmerdent parfois, notre boulot n’est pas passionnant du matin au soir, les voisins sont bruyants, on a parfois du mal à supporter sa famille et pire encore il y a des jours où il n’y a plus de Nutella dans le placard. Mais entre ces moments pour le moins détestables, nous connaissons des instants de pur bonheur. Parce que la vraie vie c’est ça, un coup ça va, un coup ça va moins bien, un coup c’est vraiment la merde, et puis après c’est l’extase complète. Comme le moment où vous reniflez le Nutella juste après avoir déchiré l’opercule.

Ce concept du bonheur permanent est emmerdant, il est écœurant à vous en donner la nausée. Etre heureux éternellement voudrait dire que l’on a tout ce qu’on désire et surtout qu’on ne voudrait que rien ne change. Jamais. Et donc on vit dans la peur que la moindre contrariété puisse venir bouleverser ce monde si idyllique. Si être heureux, une fois passé le moment de profiter de son bonheur, c’est avoir peur que tout s’écroule je ne vois pas l’intérêt du concept. Mais fort judicieusement, des nouveaux besoins se créent comme par enchantement assez régulièrement. Finalement je crois que la quête du bonheur est plus importante que le bonheur en lui-même. Un peu comme un alpiniste qui prend son pied à escalader une montagne mais qui une fois en haut n’a plus qu’une chose à faire : redescendre. Pour plus tard regravir une autre montagne, et ainsi de suite. Le bonheur serait, selon moi, donc dans un changement, partiel ou total, permanent. Ce qui n’est pas bon pour les différents pouvoirs politiques, moraux ou économiques.

Alors vous le voyez d’un autre œil Caliméro maintenant ?

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Commentaires
A
Quand on te salue en te disant avec un grand sourire : "ça va?", surtout évite de répondre "non", c'est très mal vu. Tes emmerdes les emmerdent. Et quand tu es au plus mal, les amis désertent.
C
Si toi aussi tu as rêvé un jour d'être complètement idiot pour que ta vie soit simple et le bonheur évident, tape 1.<br /> Sinon... ben démerde-toi avec tes questions existentielles !
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