Arrêtez-moi

     Un soir d’hiver, une femme (Sophie Marceau), factrice de son état, quitte son appartement et laisse seul son ado de fils en train de se rendre sourd. Mais non pas le pantalon baissé. Il écoute du trash-metal-death (ou un truc dans le genre) à un volume inacceptable pour toute oreille non entraînée. Elle se rend avec une valise au commissariat pour se faire arrêter. Elle vient confesser que le suicide de son mari, ben ce n’était pas vraiment un suicide. Elle l’a poussé du 8^ème étage. Cette femme est reçue par le Lieutenant Pontoise (Miou-Miou) qui, d’une part n’est pas ravie de se faire déranger pendant sa permanence, et d’autre part n’a pas très envie d’arrêter celle qui vient de pousser les portes du commissariat. Mais pour la factrice c’est ce soir ou jamais, car demain il y aura prescription. Va alors débuter une sorte de combat psychologique entre une criminelle qui veut purger sa peine et une flic qui va tout tenter pour l’en dissuader.

     Arrêtez-moi fait bien évidement penser dans sa forme à Garde à Vue, le duo Miou-Miou Sophie Marceau renvoyant irrémédiablement à Michel Serrault et Lino Ventura. Pourtant ce serait très réducteur de comparer les deux films. Premièrement la culpabilité de Marceau ne fait aucun doute dès le départ. Oui elle a tué son mari, c’est indéniable, et personne ne remet ça en cause. Deuxièmement dans Garde à Vue le flic veut prouver que le suspect est coupable. Ici Miou-Miou va tout faire pour démontrer que Sophie Marceau ne mérite pas d’être condamnée. Enfin, il y a énormément de scènes qui ne se passent pas dans le bureau du Lieutenant Pontoise. Le film est truffé de flashbacks permettant de connaître la vie antérieure de la criminelle et de la flic. Flashbacks très durs d’ailleurs, car ils mettent le spectateur à la place de Sophie Marceau, notamment dans les scènes où celle-ci se fait battre par son mari. Ah ça, si vous avez envie de vous marrer pendant une heure et demie, Arrêtez-moi n’est certainement pas le film à aller voir. Néanmoins l’humour n’est pas absent de ce très bon film. Une petite réplique sort de derrière les fagots pour faire retomber la tension dans ce lourd huis clos.

     Bien que n’étant pas du tout fan de la « grande » Sophie, je dois avouer qu’elle s’en sort plus que bien. Elle n’est pas du tout dans le registre de belle bourgeoise romantique dans lequel on l’identifie habituellement. Elle porte un pull trop grand, une grosse cicatrice sur le menton, elle fait des fautes de français grosses comme mon cul, paraît un peu simplette dans son rôle de la gentille factrice que tout le monde apprécie, mais qui se faisait régulièrement dérouiller par son mari. Et franchement, elle est crédible. Miou-Miou est impeccable en flic un peu désabusée, accro à l’alcool, aux amphéts, et qui n’hésite pas à franchir la ligne blanche quand ça l’arrange. Ce n’est qu’à la toute fin qu’on sait si finalement la factrice partira ou pas en prison. Si j’avais juste un petit bémol à mettre sur ce film, cela concernerait les petites bondieuseries disséminées ici ou là, même si elles ne sont pas du tout manichéennes.

     Arrêtez-moi est l’adaptation du roman de Jean Teulé Les Lois de la Gravité.

     Verdict : Attrape-moi si tu veux

     Arrêtez-moi, réalisé par Jean-Paul Lilienfeld, avec Miou-Miou et Sophie Marceau, sorti le 6 février.