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Textes Blog & Rock and Roll
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15 février 2013

La cabane au fond du jardin

bidonville

 

     Lorsqu’un sujet est à la mode, tous les magazines d’information s’en emparent. Et il y a quelques années ce fut au tour des habitants du Périph’ de se retrouver en pleine lumière. On évoquait alors les conditions de vie de plusieurs centaines de gens, qui vivaient quasiment sur le boulevard ceinturant Paris. On peut trouver ces émissions racoleuses, faisant la course au sensationnalisme pour faire de l’audience, mais il faut mettre au crédit des médias que parfois, montrer la misère, peut aider à améliorer le quotidien de certaines personnes. C’est ainsi que quelques-uns de ceux qui vivaient au bord du Périph, et donc de la pollution qu’il engendre, dans des conditions affreusement contraires avec les idéaux supposés de notre République, vous savez, le pays des Droits de l’Homme, c’est ainsi donc, que quelques-uns de ces galériens ont été relogés. Oh attention, on ne leur a pas trouvé un appartement avec tout le confort que nous connaissons, mais des bungalows ont été installés dans un coin abandonné, derrière un stade et pas loin de la voie ferrée. Le genre de bungalow qu’on peut trouver dans les campings. Certes le confort y est très sommaire, mais lorsqu’avant on habitait un local technique désaffecté Porte d’Orléans donnant directement sur le Périph, ça me semble clairement une amélioration de la qualité de vie et un regain de dignité humaine. Je ne dis pas que c’est Byzance évidement, mais ça me semble moins abominable. Très peu d’entre nous admettraient de vivre dans une caravane ou un bungalow 365 jours par an, mais à choisir entre ça et dormir sur le Périph, il n’y a pas photo.

     Il se trouve que je passe en RER tous les jours devant ces bungalows. Ils sont situés juste à côté d’un grand hôpital. De l’autre côté de cet hôpital, toujours le long de la voie ferrée, il y a une barre d’immeuble qu’on qualifierait de populaire. Tout ça pour ne pas dire qu’elle est pourrie. L’immeuble a un aspect dégueulasse, triste, on imagine, peut-être à tort, que l’hygiène dans le bâtiment est déficiente, et finalement qu’on y habiterait pas pour tout l’or du monde. Et pourtant ceux qui vivent quelques centaines de mètres plus loin dans les bungalows seraient sans doute ravis d’emménager dans ce vieil immeuble décrépi.

     Entre les bungalows et l’immeuble pourri, attenant à l’hôpital, il y a un terrain vague. Le vrai terrain vague à l’ancienne avec des grands arbres de toutes sortes, des herbes hautes de plus d’un mètre, des ronces épaisses comme des battes de base-ball, de la boue quand il pleut un peu, et des détritus arrivés ici par on ne sait quel hasard. Il y a deux ou trois ans sont apparues quelques cabanes dans ce terrain vague. Pas le genre de cabanes montées par la bande du Petit Nicolas, encore que… Faites en bois et en matériaux récupérés ici et là, elles abritaient des familles qui n’avaient pas trouvé d’autres endroits pour se poser. Le linge était étendu sur un fil accroché à deux arbres. Très pratique l’été mais inutile lorsque le temps est humide, ce qui convenons en arrive quand même très régulièrement à Paris. Les véhicules appartenant à ces réfugiés urbains n’arrangeant rien à l’affaire, c’est dans un véritable bourbier que sont posées ces cabanes. Le problème des ordures qui s’entassent y était réglé avec plus ou moins de bonheur. Le terrain étant plutôt grand, on a dans un premier temps décidé de les entreposer dans un coin et d’y mettre le feu régulièrement. Pas de chance pour les habitants de l’immeuble pourri, c’est à côté du mur séparant leur résidence du terrain vague que l’incinération des déchets se déroulait.

     Au départ il y avait une demi-douzaine de ces cabanes de fortune. Aujourd’hui c’est un véritable petit village qui s’est constitué sur ce terrain vague, avec approximativement entre cinquante et cent petites maisons en bois, avec ses allées, et même ses quartiers car il y a plusieurs groupes d’habitations. La mairie, peut être sous la pression d’une association caritative, a installé une grande benne à ordures et quelques toilettes de chantiers, histoire d’éviter un drame sanitaire encore plus grand. Il me semble également, mais je n’ai pas visité ce campement, qu’il y a une arrivée d’eau, qui je crois, a toujours été là. J’imagine qu’il y a 200 ou 300 personnes qui vivent dans ce campement de fortune qu’on appellerait une favela à Rio ou un camp de réfugiés dans une région en guerre. Ici on dirait plutôt bidonville. Et ça se passe à moins de 5 kilomètres à vol d’oiseau de Paris, la ville Lumière, celle qui se prétend la plus belle ville du monde, la capitale du pays des Droits de l’Homme.

     Bon je fais mon indigné, mais je fais quoi en pratique pour ces gens-là ? Rien du tout. Je passe à côté d’eux deux fois par jour dans mon RER et j’y pense une poignée de secondes. Et ensuite je passe à autre chose parce que j’ai mon confort et mon quotidien à vivre. Je me dis que mes filles ont la chance de ne pas connaître le sort des gosses qui vivent dans ce bidonville, il doit forcément y en avoir. Ces gosses qui doivent avoir parfois faim, souvent froid et voudraient avoir ne serait-ce que la moitié qu’ont les enfants qui vivent dans l’immeuble juste à côté, celui où moi je n’aimerais pas avoir à rentrer tous les soirs.

     N’étant pas chrétien ni fondamentalement de gauche, la charité est un sentiment qui ne m’habite jamais. (Note pour les religieux tatillons, oui j’imagine bien que le principe de charité envers son prochain est présent dans toutes les religions, mais c’était pour faire court. A cause de vous c’est raté. Merci bien) Et puis le concept de la petite goutte qui ferait une grande rivière, je n’y crois pas non plus. Tout comme pour l’écologie je considère que c’est à l’Etat de prendre des dispositions fortes pour le Logement des démunis. Ce n’est pas moi qui vais accueillir un SDF dans mon appartement. Mais j’ai quand même des idées à ce sujet. SI jamais un de mes lecteurs fait partie du cabinet d’un ministre, ou encore mieux de sa famille, qu’il n’hésite pas à relayer ma proposition.

     Sur le même principe que les bungalows proposés aux anciens galériens du Périph, et en poursuivant ce qui a été initié à Amsterdam, à Londres, et même expérimenté au Havre, pourquoi ne pas empiler et aménager des containers pour en faire des résidences afin d’y loger les sans-abris. Dans les villes citées plus haut, on a transformé des containers pour en faire des résidences étudiantes à pas cher, avec un confort rudimentaire certes, mais acceptable et digne. Dans ces containers on y trouve une cuisine, une salle de bains un espace de vie et du chauffage. Alors bien sur tout ceci à un coût (de construction, puis d’entretien), mais pourquoi ne pas transformer ces containers en espace de publicité géant. Je m’explique. Bien évidement ces résidences-containers seraient placées sur les terrains les moins chers, et donc à côté de grands axes routiers ou lignes de chemin de fer. Pourquoi ne pas utiliser les façades visibles depuis ces grands axes pour les transformer en panneaux publicitaires géants ? Cela permettrait de faire rentrer de l’argent et ainsi financer ces résidences.

     Bien sûr, il faudrait aussi demander un très faible loyer à ces habitants, histoire de les responsabiliser et de leur faire comprendre qu’il va de leur intérêt que leur résidence reste dans un état acceptable. D’autre part le fait d’avoir un logement, même très modeste j’en conviens, et de pouvoir le payer, rendrait leur dignité à ceux qui n’en ont plus et leur permettrait de se resocialiser, et qui sait ensuite de trouver les ressources pour quitter ces résidences et ainsi avoir un vrai appartement. Oui même celui de l’immeuble pourri de tout à l’heure. Alors oui bien sûr, dans un monde idéal et utopiste, nos sociétés occidentales et dites civilisées devraient permettre à tout à chacun d’avoir une maison ou un appartement, mais en pratique ce n’est pas le cas. Et je me dis qu’entre la rue ou ces bungalows sponsorisés, la deuxième solution me semble la meilleure. Donc si vous connaissez quelqu’un qui prend des décisions importantes au niveau local, départemental, régional, ou quelqu’un faisant partie d’un lobby assez puissant pour pouvoir influer sur nos politiques, n’hésitez pas à faire passer l’idée.

     Pour finir ce billet je voulais vous faire part d’une autre réflexion sur le même sujet. Mardi, en allant dans un centre commercial, j’étais arrêté à un feu rouge. En face de moi il y avait l’A86 en contrebas. De l’autre côté de l’autoroute j’ai vu 3 paraboles blanches plantées sous des arbres, au milieu de nulle part. Je regardais plus attentivement, et j’aperçus deux cabanes en bois, du même genre que dans le terrain vague que je longe chaque jour. Il y en avait peut-être d’autres cachées derrière, encore un nouveau campement de fortune. J’imagine que si je devais vivre dans ces conditions, ma première préoccupation serait simplement de survivre, c’est-à-dire de trouver de quoi manger et me mettre à l’abri du froid, du vent, de la pluie, pouvoir dormir en sécurité. Et c’est sans doute l’esprit qui anime ces gens-là. Le mariage pour tous, ou la viande de cheval dans les lasagnes, ils n’en ont rien à faire. Mais il faut croire que pour eux, pouvoir regarder la télé c’est aussi très important. Savoir qui va remporter la Star Academy serait donc aussi crucial que de manger et d’être sûr de se réveiller le lendemain ? Physiologiquement non bien sûr, mais de pouvoir regarder la télé, ça permet à ces malheureux de se considérer comme les autres, de faire partie du troupeau comme les autres. C'est très flippant dans un sens, même quand tu es vraiment dans la merde tu es prisonnier de la puissance médiatique, mais très intéressant en même temps, car cela démontre que ceux que l’on considère comme des exclus de la société ont très envie d’en faire partie.

 

 


Nougaro Claude - Bidonville par Salut-les-copains

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Commentaires
C
L'avantage d'être centriste c'est qu'on penche un coup à gauche, un coup à droite.<br /> <br /> <br /> <br /> Oui c'est vrai aussi que la télé permet de tuer le temps et ainsi reposer le cerveau, en plus tu n'en as pas besoin pour regarder la télé.
W
Wooow un discours de presque gauche !!! Je ne suis pas mécontente d'être repassée... J'ai cru que je m'étais plantée de blog...<br /> <br /> J'ajouterai juste sur le dernier point que je pense que la télé est la drogue la moins chère... Ils peuvent ainsi oublier à (relatifs) moindre frais, le triste quotidien...<br /> <br /> C'est malheureusement aussi un facteur d'intégration sociale dans une moindre mesure, si les enfants vont à l'école, ou s'ils travaillent avec des gens qui viennent d'une autre misère... pouvoir échanger sur le programme de la veille rassemble quand on n'a pas grand chose d'autre que sa misère à raconter à la pause...<br /> <br /> Amitiés gauchistes ;)
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