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19 janvier 2012

Tuer le père

subconscient

 

     C’est une expression qu’on entend beaucoup dans le domaine de la psychologie. Je n’en connais pas exactement la signification, mais pour moi ça a toujours voulu dire s’émanciper de l’autorité paternelle et suivre son chemin selon sa propre volonté. Tuer mon père je l’ai fait des dizaines de fois. En rêve je veux dire. J’ai quelques rêves récurrents dont un concerne mes géniteurs. Pour vous la faire courte, avec mon père je me bats et je fuis ma mère. Mais quand je dis que je me bats avec mon père c’est violent, parfois très gore comme la fois où après l’avoir éventré de part en part, je l’ai désossé à mains nues. Bon appétit si vous êtes à table.

     Il y a quelques mois, mon père est mort. Vraiment cette fois. On a toujours eu des rapports pour le moins tendus lui et moi, on ne fait pas de tels rêves autant de fois sans raison, avant qu’ils ne soient totalement distendus. La dernière fois que j’ai vu mon père c’était 12 ans avant qu’il ne décide de se pendre. Pour dissiper tout malentendu, non je n’ai ressenti aucune tristesse, ni remord, ni regret lorsqu’on m’a appris la nouvelle. Mon père était mort, point. Même si pour moi il l’était depuis 12 ans justement.

     Pourtant ce n’était pas un évènement anodin. Car depuis ces douze années les rêves revenaient de temps en temps. Ils n’avaient rien de cauchemars, je ne me réveillais pas en sursaut, en sueur ou mal à l’aise après m’être battu avec mon père. Non. Malgré la violence de l’action, cela n’avait rien d’effrayant pour moi, sans doute parce que je remportais à chaque fois ces combats oniriques. Alors oui mon ennemi intime était mort mais malgré un sentiment de bien être qui m’emplissait à l’annonce de son décès, j’avais une certaine crainte concernant la nuit suivante. Immédiatement une image assez glauque me trottait dans la tête : son cadavre se balançant au bout d’une corde. Je gérais cette sensation assez bien tant que j’étais conscient, mais comment mon subconscient allait réagir à cette information ?

     Je suis très terre à terre comme garçon, je ne crois pas en quelque spiritualité que ce soit. Mais j’avais peur qu’une force mentale, en l’occurrence émanant de mon propre cerveau, ne vienne me hanter. C’est assez flippant de se dire que finalement nous ne pouvons pas nous contrôler totalement. Lorsque nous dormons, nous sommes les esclaves de quelque chose enfoui au plus profond de nous qui prend le pouvoir sur nos rêves. De même ceux qui sont atteints d’une phobie quelconque laissent une peur enterrée au plus profond d’eux-mêmes prendre le contrôle de leur corps.

     Finalement il n’en a rien été. Les jours qui ont suivi, j’ai dormi comme d’habitude, ne faisant pas spécialement de rêves au sujet de mes parents. Pourtant quelques mois après j’ai noté un changement important dans ces apparitions nocturnes. Si ma mère m’exaspère toujours au plus haut point dans mes rêves, mon père est désormais… absent ! Comme si le scénariste de mes nuits avait intégré le fait qu’il avait définitivement disparu.

     Pour finir sur une note un peu plus légère, je vais vous narrer le meilleur souvenir de cette période. Lorsque mon père est mort, très peu de gens de mon entourage ont été au courant. Moins d’un moi après, Madame Phénix et moi, ainsi que deux cousines de Madame, nous sommes partis à Londres. Un soir dans un pub, une des deux cousines s’est lancée dans une anecdote qui prit rapidement des allures de sketch. Ça parlait de crêpes, de jeunes filles et de coups de téléphones, si elle me lit elle se rappellera très certainement ce moment. Et au bout d’un moment elle mima une pendaison avec son écharpe. Moi qui adore l’humour noir, je jubilais intérieurement. Et pire que ça je m’imaginais lui dire en prenant une tête de cocker triste que justement mon père avait choisi la corde pour en finir trois semaines plus tôt, juste pour voir sa tête. Mais, malheureusement, je ne suis pas si diabolique.

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